La graine Tagua
La graine Tagua est plus précisément l'albumen du fruit du palmier Phytelephas macrocarpa. On trouve ce palmier dans les forêts denses, principalement dans la forêt amazonienne, en Colombie, au Pérou ou en Equateur. La graine tagua peut être connue sous le nom d'ivoire végétal, pour sa dureté et sa similarité d'aspect une fois polie.
Les fruits sont des caryopses avecune coquille dure qui se détache facilement et la deuxième coquille, elle, colle à la graine. Une fois retirées nous avons la Tagua brute. Lorsqu’elles sont mûres, les Indiens les ramassent pour la pulpe jaune autour de la graine qui est parfois commercialisée sous forme de boisson. Un arbre produit annuellement 20 kg de graines, parfois beaucoup plus, soit l'équivalent de l'ivoire récupéré sur un éléphant de 6 tonnes...
Pour l'histoire, les espagnols Ruiz et Pavon sont les premiers à parler du le palmier que les Indiens quechuas utilisent pour réaliser des bijoux et divers objets. Plus tard sera découvert, entre le Panama et la Bolivie, 8 espèces de la famille des phytelephas. En 1865 en Equateur, un bateau presque vide en partance pour Hambourg, accepte de prendre à bord une cargaison de tagua. Les Allemands comprendront l'intérêt de l'ivoire végétal et se mettent à des boutons et de petits objets d'ornement. En Europe, l’origine de la tagua reste secret, en effet les artisans italiens sont obligés d’aller chercher la matière première jusqu’en Allemagne. Jusqu’à l’ouverture du canal de Panama, qui augmenta le flux de bateaux dans la région, et l'aide des espions que l'on pu découvrir que le secret commercial de la tagua provenait de l’Equateur et non de l'afrique.
Bien que l'armée américaine ait décidé de s'équiper de boutons en ivoire végétal, la seconde guerre mondiale porte un coup fatal à ce commerce. En 1952, l'Équateur ne vendait plus que 6000 tonnes, soit cinq fois moins qu'en 1913.Ce sera le plastique qui remplacera la tagua qui reste diffcile à récolter. En effet les "tagueros", qui le récoltent, doivent vivre dans la jungle humide pendant quatre mois et transporter les lourds fruits à travers la végétation inextricable jusqu'aux embarcations qui amèneront la récolte à la ville. Le déclin du caoutchouc naturel dans les années 50 n'arrange pas la situation, les deux produits étant traditionnellement commercialisés ensemble pour réduire les coûts de transport autrement trop élevés.
De plus, bien souvent, les palmiers à ivoire sont coupés à la base pour permettre une récolte plus facile ce qui reduira la production.
Depuis certains créateurs de bijoux s'y sont intérés, comme Christian Dior, Yves Saint Laurent, Valentino, Versace, Ginocchietti, et se montrent satisfaits de ce très beau matériau, qui présente la particularité de se ramollir si on le laisse tremper trop longtemps dans l'eau. Si la Tagua représente bien souvent un revenu économinque important pour de nombreuses communautés et et une source de commerce équitable, elle reste aujourd'hui une véritable alternative à l'ivoire naturel.
Voici un bracelet et un collier parmi mes créations, avec des taguas de différentes tailles.